Aujourd’hui, je TIC  tique sur un article paru sur le blog des psychiatres intitulé Les TTC mises à nu par François Sauvagnat

Je suis, comme à peu près tout le monde,  la polémique concernant la psychanalyse dans la prise en charge des autistes. Et souvent, je n’en fais pas un article parce que c’est inutile! Mais là, je ne peux pas ne pas le faire… Ce monsieur est professeur à l’Université de Rennes en psychopathologie et son discours, non content d’être extrêmement dogmatique, fait en sorte d’emmêler les informations pour que la psychanalyse devienne la victime historique d’attaques vicieuses et continues.

Puisque cet article est particulièrement long, je vous donne la possibilité en cliquant sur les liens ci-dessous d’aller directement au sujet qui vous intéresse! Pas la peine de me remercier… 😉 N’hésitez pas à commenter parce qu’ici contrairement à l’article de  M. Sauvagnat, vous avez le droit à la parole, les commentaires sont ouverts!

 

Tout d’abord, il me semble nécessaire de rappeler que la polémique sur la psychanalyse dans l’autisme n’oppose pas comportementaliste et psychanalyste mais associations de parents d’enfants autistes, parents d’enfants autistes et professionnels de l’enfance. De plus, elle ne concerne que la prise en charge d’enfants autistes et non d’adultes.

Précisons aussi que je n’appartiens à aucune association, à aucune obédience, ou mouvement… Je suis simplement une personne qui s’inquiète de la prise en charge d’enfants et qui veut consacrer sa vie à les aider du mieux possible avec les interventions les plus adéquates qu’elles soient psychologiques, comportementalistes, développementales…

 


INTRODUCTION

M. Sauvagnat commence donc son papier  par une introduction:

Nous montrons que les « traitements spéciaux » (techniques aversives, exposition, extinction) ne sont aucunement justifiées dans le traitement des patients adultes, tant du point de vue de l’efficacité que du point de vue éthique

 

Nous supposons donc qu’il poursuivra tout du long sur les adultes avec autisme… Et bien, en fait, il ne sera pas vraiment précisé si il s’agit d’adultes mais régulièrement qu’il s’agit d’enfants… Et il veut nous montrer que les techniques aversives n’ont pas leur place dans le traitement de l’autisme. Vous verrez plus loin qu’il a parfaitement raison (si, si!) simplement parce ces techniques ont été testées aux USA dans les années 70 et n’ont jamais sous cette forme là passé l’océan atlantique! Donc, oui, une fois n’est pas coutume, nous sommes tous d’accord avec lui sur ce point précis! Précisons tout de même qu’à mon avis les techniques sus-mentionnées ne sont pas de techniques comportementalistes présentes dans notre pays! Étonnant que suivant cette logique de rejet de tortures sur des êtres humains, il ne prenne pas partie aussi contre le packing… Mais ça c’est peut-être encore trop lui demander puisque cette pratique est présente en France!

 


Etudes et Psychose

On  continue:

Plusieurs rapports récents (…) montrent que la psychanalyse a une efficacité remarquable dans le traitement de la majorité des troubles psychiques, en particulier sur le long terme.

 

Ici, j’aurai plusieurs haussements de sourcils…

Déjà, personne ne remet en cause les bénéfices que peut apporter la psychanalyse dans certaines psychoses, plus particulièrement sur l’adulte. il faut quand même rappeler que le principe même de psychothérapie, à la base et particulièrement de la psychanalyse, est de devoir être un choix du patient; c’est ainsi qu’elle apporte le plus de réussite!

Ensuite, l’auteur critique les biais des études dites EBM sur les techniques comportementalistes mais, dit des rapports sérieux qu’ils seraient « massivement propres aux psychothérapies analytiques (…) choisies par les courants concernés (…) ». Il explique que ces études partent soit du sujet  lui-même soit d’enregistrements ensuite soumis à d’autres thérapeutes qui en discutent? En quoi ces études sont-elles plus scientifiques et moins biaisées? De première vue, elles ne me semblent pas très objectives!

Au final, la partie de cette phrase qui me fait bondir encore plus reste celle sur les troubles psychiques. Je croyais innocemment que le sujet était l’utilisation des TCC dans l’autisme et là, très sérieusement, l’auteur nous parle de troubles psychiques? L’autisme est-il encore considéré comme un trouble psychique? Ce serait donc notre exception culturelle qui une fois de plus prendrait le dessus sur le consensus international? Serions-nous encore au temps où, pour les professionnels, l’enfant n’était pas autiste mais l’était devenu?

 


Inspiration Psychanalytique dans les TCC

A lire M. Sauvagnat, toutes les interventions de type comportementaliste seraient d’inspiration psychanalytique.

(…) alors même qu’un nombre important de pratiques cognitivistes reposent sur une simplification de certaines techniques psychanalytiques

 

Plusieurs questions me hantent alors:

Quelqu’un peut-il m’expliquer le rapport à la psychanalyse?

Pourquoi alors autant insister sur le danger de telles techniques, si vous en êtes la base?

La psychologie dans son sens le plus large est-elle aussi issue de la psychanalyse ou serait-ce la psychanalyse qui est issue du domaine de la psychologie? Si tel est le cas, pourquoi les étudiants de psychologie ne commencent pas leurs études par la psychanalyse?

Je suis réellement curieuse d’avoir une explication parce que j’avoue mon étonnement.

Tout le monde se rejoint sur le fait que la psychanalyse est un des domaines les plus cloisonnés de notre histoire. Aucune intervention, méthode, information ne filtrent précisément sur la psychanalyse car c’est un devoir du professionnel face à son client patient… Alors, je pense qu’une affirmation du type:

elles (les TCC) gagneraient certainement à prendre connaissance des publications extérieures à leur champ d’auto-référence »

 

Je pense que c’est écrit en connaissance de cause… A bon entendeur!

C’est quand même étrange à quel point ces professionnels ont été silencieux et « inattaquables » pendant des siècles sur la base même de la confidentialité et du principe que le travail sur l’âme ne peut se « démocratiser » et à quel point depuis que ce « lobby » est attaqué sérieusement et de plusieurs côtés (rappelons l’accueil que Michel Onfray a reçu) on les entend vociférer et demander justice!

L’auteur parle régulièrement de lobby des comportementalistes mais n’y aurait-il pas aussi un lobby encore plus important de cette profession si mystérieuse qu’est la psychanalyse?

 


Thérapies analytiques VS Thérapies autoritaires

Son papier est rempli de termes implicitement négatifs qui induisent dans l’erreur.

Il compare très réglièrement les « thérapies analytiques » aux « thérapies autoritaires ». Nous aurons tous compris l’implication de la notion manichéenne entre la liberté et l’autorité, la bien et le mal.

Il est quand même à rappeler que les « thérapies autoritaires » ne visent pas à « éradiquer » un symptôme mais à comprendre son origine pour que le comportement inadapté devienne plus approprié. Peut-être est-ce cela le rapport à l’influence psychanalytique? Simplement penser que derrière un comportement, il y a une raison qui pousse la personne à cela. Et qu’il faut saisir le pourquoi avant de pouvoir ne serait-ce que penser à le modifier. Le but n’est pas, comme il le sous-entend, de taper sur les doigts de la personne jusqu’à ce que la « bête » rentre à l’intérieur!

Peut-être n’existe-il pas d’études comparatives pour permettre de définir laquelle des méthodes est la plus efficiente…

Cependant, je pense qu’une telle grogne de la part des parents, des associations, de professionnels montrent quand même quelque chose. Il y aura toujours des gens mécontents, c’est sûr, mais quand le mouvement devient si important, il est étonnant de continuer à penser que ce sont des moutons pris dans le dogme comportementaliste…

Surtout de la part d’une profession qui s’appuie sur des théories invérifiables (celles-ci pouvant par définition se rapprocher de la foi religieuse,d’une croyance et donc de quelque chose de relativement dogmatique, non?)

Peut-être que pour les psychanalystes, la parole des familles n’importe guère; malheureusement, dans la moitié des cas d’autisme, ce sont les seuls à pouvoir s’exprimer. Ont-ils tous torts, mentent-ils tous sur leur témoignage?

Vous utilisez des techniques d’écriture avec des termes presque subliminaux pour rallier les gens à votre opinion. Y a-t-il besoin de vous rappeler que votre statut de « Docteur de l’Ame » ne vous donne pas le droit de diviser les familles, de faire porter de fausses responsabilités à des gens innocents qui ont déjà un si lourd fardeau à porter?

Un chirurgien aurait la formation et la possibilité d’être aussi médecin généraliste mais il ne le fait pas. Pourquoi? Peut-être parce qu’il se rend compte de la responsabilité même de son métier qui est de pouvoir soigner de la meilleure façon possible les patients et qu’il n’est pas le plus performant dans ce domaine généraliste? Alors pourquoi n’accepteriez-vous pas vos propres limites en vous concentrant sur ceux que vous pouvez vraiment aider? Cela ne remettra pas vos compétences en cause. Les professionnels comportementalistes ne disent pas qu’ils peuvent tout améliorer!

 


Tortures par les techniques comportementalistes

La suite de votre papier parle de techniques très dures utilisées et testées aux USA dans les années 70 et vous pensez sérieusement que les gens seront assez idiots pour faire un amalgame avec les techniques comportementalistes utilisées de nos jours en France?

Doit-on vous rappeler les première techniques utilisées par la psychiatrie pour soigner? Je ne pense pas que cela serait de bon aloi puisque ce sont des pratiques abandonnées. Et tout le reste de votre papier, à peu de chose près, continue dans cette voie qui est d’une telle mauvaise foi que c’en est écoeurant.

De telles techniques, surprenantes pour les citoyens d’Europe occidentale, n’ont fait l’objet que de très faibles protestations en Amérique du Nord

 

Vous dîtes que parce que certains américains à l’époque n’ont pas réagi cela impliquerait donc que la situation se répète en France…

Il existe toute une panoplie: manifestation de réprobation (c’est la technique la plus « soft »), cris (la technique militaire américaine classique, consistant à hurler soit devant le visage, soit devant une oreille de l’enfant a longtemps été la règle), pincements, claques, électrisations, produits révulsifs introduits dans la bouche (le Tabasco semble jouir d’une certaine popularité dans cet usage). Notons par ailleurs qu’au moins un article fait état de l’application de cette méthode à la rééducation de prisonniers vietnamiens en utilisant des chocs électriques et la privation de nourriture (Cotter, 1967)

 

Je ne connais aucun professionnel français utilisant les techniques dont vous parlez,à savoir des cris en plein visage ou dans les oreilles de l’enfant, des claques, des pincements, des coups d’électricité, du tabasco dans la bouche… Avec comble de la bêtise, une comparaison avec la rééducation des prisonniers vietnamiens par privation de nourriture!

Tous les écrits, toutes les informations des techniques comportementalistes en France ne prônent que l’indifférence face aux comportements inadaptés. Votre profession défend la technique du Packing (décrétée comme proche de la torture) et vous venez faire la leçon sur des techniques utilisées aux USA dans les années 60!

Contrairement à ce que vous affirmez, personne ne prétend à des résultats miraculeux mais les interventions comportementalistes obtiennent des résultats, même petits, ce qui est déjà un espoir pour les familles. Aujourd’hui, aucun progrès n’est montré par votre profession. Vous restez uniquement dans l’attaque de vieilles pratiques ou dans l’utilisation de termes implicitement négatifs. Nous n’avons entendu aucun de vous s’élever pour montrer de réels progrès.

Les interventions comportementalistes sont nombreuses (vous mélangez consciemment tous les courants pour créer une confusion) et s’appuient sur de nombreuses techniques aidant les familles au quotidien dans la communication, les interactions, l’intégration… Et vous? Où est votre aide pour alléger le poids des familles?

Néanmoins, cette méthode, dont l’application requiert une dépense annuelle pouvant aller jusqu’à 60 OOO $ par an pour un seul enfant, a bénéficié d’un lobbying particulièrement agressif

 

Vous parlez du coût qui serait exorbitant des interventions comportementalistes. Mais à aucun moment, vous ne faîtes de comparaison. Pourquoi? Simplement parce que vous ne pouvez comparez ce qui n’est pas comparable. Combien de temps un psychanalyste passe avec un enfant autiste par semaine? Parce que,proportionnellement, les techniques comportementalistes nécessitent quelqu’un tous les jours et toute la journée… A ce niveau, croyez-vous que le rapport temps/coût est si différent?

 

Condamnation par la Commission des Droits de l’Homme: Psychanalyse ou Etat français?

Je vais vos montrer ici comment sur trois phrases on peut avoir des interprétations totalement différentes. Rappelons l’auteur parle de la condamnation de la France par le Conseil de l’Europe en Commission des Droits de l’Homme en 2004.

S’agissant des enfants et adultes autistes, la France n’a pas, en dépit d’un débat national vieux de plus de vingt ans sur l’importance du groupe concerné et les stratégies pertinentes de prise en charge, marqué des avancées suffisantes (…) dans la prise en charge de l’éducation des personnes autistes

 

Alors là, M. Sauvagnat dit que, malgré le flou de la phrase (!), il est clair comme de l’eau de roche qu’elle traite des prises en charge psychanalytique dans l’autisme et qu’il y a un « flou artistique » entre éducation et thérapie.
Honnêtement, je ne vois pas le flou artistique supposé. Ici, on ne traite que de l’éducation et à moins d’une révolution dont je ne serai pas informé, la psychanalyse ne relève pas de l’éducation. A moins, qu’ils veuillent aussi être présent dans les écoles à la place des infirmières scolaires! Parano ou mégalomanie? Mon coeur balance…

 

La définition de l’autisme retenue par la plupart des documents officiels français est toujours restrictive par rapport à celle de l’Organisation mondiale de La Santé.

Le second chef d’accusation est un comble d’absurdité, puisque la classification adoptée par les psychiatres français, la CFTMEA (dernière édition 2000), tient le plus grand compte de la recherche internationale (…) Si la chose n’est pas dans la dernière version du DSM, elle n’en est pas moins copieusement attestée, et confirme parfaitement la présentation française des choses. Ici encore, la parfaite absurdité des reproches n’a rien empêché.

 

Là, M. Sauvagnat nous parle de notions proche de celle de la psychose qui ne seraient pas présentes dans la classification américaine (DSM-IV-TR) mais qui sont attestées et confirmées par les experts américains eux-mêmes. Donc, même si ce n’est pas dans leur classification actuelle, tous les professionnels américains reviendraient sur le principe de psychose dans l’autisme? Et heureusement pour eux, cela est confirmé par la classification française!

Rappelons peut-être  que la HAS elle-même émet des réserves sur la CFTMEA du fait de son trop grand éloignement des autres classifications et de son unicité; dans son exception culturelle, devrions nous dire?< Où est la psychose dans l’autisme? Peut-être parce que le Pr Golse dans l’émission de France 5 dit que tous les professionnels sont d’accord sur le fait que la base de l’autisme se situe dans leur difficulté à se différencier de l’autre? Je vous invite à lire cet article écrit par Franck Ramus: Questions à Bernard Golse

Parce qu’aucun professionnel ne se retrouve dans cette théorie…

Je retournerai donc simplement le principe d’absurdité utilisé par l’auteur lui-même.

La proportion d’enfants autistes scolarisée dans les écoles ou établissements spécialisés demeure « extrêmement faible et significativement inférieure à la proportion constatée pour les autres enfants, handicapés ou non »(…) La décision évoque également l' »insuffisance chronique de structures d’accueil pour les autistes adultes.

 

Ici, l’auteur parle des termes utilisés comme dévalorisant le domaine de la psychiatrie de l’enfant en mettant en avant des équipements dramatiquement insuffisants.

Sauf qu’il ne faut quand même pas un bac +12 pour se rendre compte que les équipements français pour tout type de handicap sont insuffisants. Et là encore je ne vois pas où la phrase attaque la psychiatrie… A moins qu’il y ait une séparation entre monde médical et Etat dont je ne serai pas informé, c’est quand même l’Etat qui reste responsable des équipements médicaux et institutionnels via le Minsitère de la Santé.  Cette phrase attaque donc principalement l’Etat et son obligation de répondre aux besoins et aux particularités des enfants et adultes avec handicap. Il se trouve, même si cela lui déplaît, que l’autisme est depuis longtemps maintenant considéré légalement comme un handicap et que de ce fait les enfants doivent être scolarisés.

Où est la place de la psychanalyse ici? On parle d’école et d’éducation!… Maintenant, si M. Sauvagnat pense que la France est un exemple d’intégration scolaire des enfants autistes qu’il aille en parler aux familles des 80% d’enfants autistes non scolarisés!

Conclusion

Je ne veux en rien paraître endoctriné.
Toutes les interventions dépendent avant tout des professionnels qui les pratiquent avec sérieux, éthique et déontologie.

Ce que tout le monde devrait noter, ce n’est pas les attaques, les « petites phrases », les différences idéologiques mais l‘immobilisme de la psychanalyse depuis près de 50 ans… ce qui semble normal puisque cette profession s’appuie sur des théories non sur des faits et donc sur des notions proches de dogmes.

Les autres interventions qu’elles soient comportementalistes, développementales tentent, essaient, bougent, prônent l’intégration scolaire, le développement, les progrès, l’espoir… Alors à qui revient le prix de la mauvaise foi?

Tout le long de son papier, il critique et renie les pays anglosaxons et surtout nord-américains et au final, il conclue sur l’importance d’écouter et de suivre à la lettre une décision de la Cour Suprême du Canada qui simplement dit ne pas considérer comme obligatoire l’utilisation des techniques comportementalistes dans le traitement de l’autisme.

Je ne vois pas où cette instance met au ban les interventions comportementalistes en prônant l’utilisation de la psychanalyse… Mais peut-être que M. Sauvagnat sait mieux lire entre les lignes que nous autres, pauvres mortels…

 

1 Comment

 

  1. 11 février 2013  14 h 56 min by sylviedebiga Répondre

    la psychanalyse n'est pas une thérapie ! elle n'est pas enseignée dans le cursus universitaire classique mais par une "secte"d'idolatres de freud et autres commeres...
    il faut juste comparer le pourcentage d'enfants autistes scolarisés dans les pays anglo-saxons et en france, tout est dit dans les chiffres. les parents d'enfants autistes doivent demander des comptes juridiquement aux psychiatres en reference au code de déontologie medicale.
    bravo pour votre blog.

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